Maladie de Haglund, le talon d’Achille du coureur

Souvent appelé « maladie du coureur », le syndrome de Haglund peut être un handicap certain lors de la pratique sportive et au quotidien dans certains cas.

Il s’agit d’une inflammation du tendon d’Achille lorsqu’il entre en contact avec la partie postérieure de l’os du talon. Ce phénomène résulte d’une malformation de cet os entraînant une forme haute, pointue et saillante en haut et en arrière.

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Arrêt au stand anatomie

L’arrière du pied est constitué d’un ensemble de 7 os : le tarse. Le plus gros de ces os est le calcanéum et forme la partie du corps communément appelée talon. Allongé d’arrière en avant, il repose sur le sol par son extrémité postérieure.

La peau qui recouvre le talon est une zone d’appui du pied, par conséquent elle est épaisse et contient de la graisse sous-cutanée.

La face postérieure du calcanéum est le lieu d’insert du tendon d’Achille. Ce dernier est le plus gros tendon du corps humain et relie le muscle du mollet (gastrocnémien) au talon. Il poursuit son chemin jusqu’à sa face inférieure et à la plante du pied où il rejoint l’aponévrose plantaire (ligament épais qui relie les orteils au calcanéum).

Il permet ainsi de le soulever pendant l’exercice de la marche et de se mettre sur la pointe des pieds.

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Le pourquoi du comment

Bien que cette maladie ne touche pas l’ensemble de la population et même si certaines personnes ne la développeront jamais, il existe quelques facteurs favorisants son apparition.

Le choix des chaussures est important. Des contreforts trop rigides engendrent et favorisent l’aggravation de la pathologie. Chaque pied à sa propre morphologie et tout le monde ne tolère pas les mêmes chaussures. Il est donc préférable de privilégier des chaussures au contrefort plus souple dès l’apparition des premiers signes.

Les personnes ayant les pieds creux sont plus exposées. En effet chez cette population, la partie postérieure du calcanéum se retrouve davantage projetée en arrière ce qui augmente les frottements avec le tendon d’Achille et donc les risques d’inflammation.

Une malformation du calcanéum engendrant une forme haute et saillante.

Enfin, une verticalisation excessive du calcanéum conduit à la même finalité.

Radiographies calcanéum

 Des conséquences douloureuses

Le syndrome de Haglund entraîne des douleurs chroniques ou permanentes selon le stade de développement de la pathologie. La gêne décrite par le patient peut se manifester de plusieurs façons, soit lors de l’activité physique, soit au repos :

  • Douleur lors du chaussage
  • Frottements et pressions douloureuses lors de l’effort
  • Douleur osseuse
  • Douleur le long du tendon d’Achille liée à son inflammation

Les conséquences de la maladie sont de deux types :

  • Directe : le calcanéum est directement touché.

Apparition d’une rougeur, d’une inflammation ou d’une bursite au lieu de conflit entre la partie postérieure du calcanéum et de la chaussure.

La bursite est une inflammation des bourses séreuses. Ces dernières sont situées au niveau des épaules, des coudes, des mains, des hanches, des genoux, des chevilles, et des pieds. Elles contiennent le liquide synovial et protègent les articulations des pressions.

Atteintes directe de Haglund

  • Indirecte: le tendon d’Achille est impacté.

C’est ce tendon qui souffre le plus dans la majorité des cas. L’atteinte peut être soit mécanique si elle est présente à la zone de contact osseuse, soit inflammatoire si elle touche les structures qui l’entourent.

Cette atteinte indirecte peut conduire à l’apparition d’un nodule tendineux.

Nodule tendineux

C’est l’heure du traitement

Plusieurs options s’offrent au patient en fonction de l’état d’avancement du syndrome de Haglund et de la gêne ressentie.

Traitement médical :

Ce traitement doux est la première étape de la prise en charge. Il permet de mettre en place des actions visant à limiter et adoucir le développement de la maladie telles que :

  • La réadaptation du chaussage par le choix de chaussures plus souples et larges adaptées. De cette façon, le conflit entre le talon et le contrefort du chaussant sera contrôlé.
  • Le recours à des anti-inflammatoires appliqués localement afin de diminuer l’inflammation tendineuse.
  • L’équipement de semelles ou orthèses plantaires ayant pour but de soulager en réhorizontalisant le calcanéum.
  • La rééducation qui vise à étirer la zone atteinte afin de garantir la souplesse du tendon d’Achille et donc articulaire, de renforcer certains muscles et de réduire l’inflammation.

Si le traitement médical seul est un échec, il est alors envisagé de recourir à une solution plus radicale. C’est là que la chirurgie intervient.

Traitement chirurgical :

Cette dernière solution est la plus appropriée lorsque le traitement doux à échoué ou que la malformation du calcanéum est trop prononcée. Plusieurs techniques sont possibles.

La première consiste simplement à retirer la partie malformée du calcanéum. Cette résection de l’excès d’os permet de supprimer le conflit osseux et de préserver le tendon d’Achille.

Résection os

La deuxième technique se concentre sur la fracture provoquée chirurgicalement du calcanéum afin de modifier les rapports os / tendon d’Achille. Cette fracture est alors maintenue par du matériel d’ostéosynthèse. Cette méthode est appelée ostéotomie.

ostéotomie

Les suites de l’opération

La période de convalescence et les suites opératoires dépendent du type de chirurgie qui a été réalisé.

Dans le cas de la résection osseuse de la malformation, les suites sont plus simples. Le patient est autorisé à remarcher directement selon douleurs. Il est cependant impératif de porter une orthèse de marche amovible durant 3 à 4 semaines afin de protéger le tendon d’Achille.

Si la technique utilisée est celle de l’ostéotomie, les suites opératoires sont plus complexes. En effet, le patient peut marcher en décharge. L’immobilisation du membre sera alors rigide et sans appui, empêchant de reposer le poids du corps sur le talon. Il est également obligatoire d’avoir recours à des injections sous-cutanées d’héparine afin de prévenir le risque de phlébite.

La rééducation démarre dès le moment ou le dispositif d’immobilisation est retiré. Elle est réalisée par un kinésithérapeute à raison de 3 à 5 séances par semaine. L’implication du patient est primordiale afin de garantir le succès de la guérison. Le but est de récupérer les amplitudes articulaires de la cheville, la force musculaire, mais aussi de rééduquer le schéma de marche, masser les cicatrices et lutter contre l’œdème post-chirurgical.

La douleur disparaît généralement immédiatement pour les cas simples. Les cas plus complexes et avancés peuvent présenter une persistance de la douleur, mais la chirurgie tend à diminuer ce phénomène.

L’arrêt de travail et des habitudes de vie est variable selon l’opération. Il est de 4 à 8 semaines pour les interventions simples et de 3 à 4 mois pour les interventions lourdes osseuses et tendineuses. Les personnes ayant un travail nécessitant la position debout peuvent être prolongées à un arrêt de 6 mois.

Les activités sportives peuvent être reprises à des périodes différentes selon le type de chirurgie.

La natation, la marche (randonnée courte) et le vélo vers le 60e jour. Nager est vivement conseillée une fois la cicatrisation terminée pour accélérer la récupération.

Les sports plus traumatisants pour le pied et les articulations (course à pied, tennis, football…) sont autorisés après environ 6 mois en fonction de la consolidation et du type d’intervention.

Il existe donc des solutions !

Si depuis longtemps vous vous demandiez pourquoi votre talon vous fait souffrir et que cet article vous a apporté les réponses que vous attendiez, nous en sommes ravis.

Sachez à présent que ce mal est soignable, mais qu’il est important d’appliquer les bonnes méthodes pour limiter son développement.

Dans le cas d’une intervention, patience ! La convalescence peut paraître longue mais en vaut la peine.

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